Et on ne l’invente pas :
Selon LSA, 73% des consommateurs déclarent souhaiter consommer des marques et produits plus responsables.
Une étude menée par Oney et OpinionWay en 2020 montre aussi que 90% des consommateurs européens se disent sensibles à la consommation raisonnée. Le mode de fabrication des produits fait d’ailleurs partie de leurs principales préoccupations.
Mais acheter responsable, ça veut dire quoi exactement ? Pour quelles raisons devrais-je me tourner vers des produits et services plus durables ? Et comment reconnaître un produit éco-responsable ? Où trouver les marques engagées ? Comment savoir si je ne tombe pas dans le piège du greenwashing ?
Plein de questions que nous nous sommes posées aussi !
MyVitrine et Nouvelle Empreinte te présentent LE guide pour mieux consommer.
C’est en sachant d’abord pourquoi il est nécessaire de changer mes habitudes que je peux ensuite savoir comment agir concrètement.1. Pourquoi consommer responsable ?
Pour l'environnement
La consommation responsable est - par définition - un mode de consommation qui prend en compte les critères du développement durable. Cela signifie vivre sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. En effet, consommer responsable c’est avant tout être conscient de l’impact du produit que je consomme.En premier lieu, parlons des impacts sur l’environnement. Chaque produit créé induit d’aller extraire de nouvelles ressources naturelles. Prenons l’exemple de l’eau - notre or bleu - 4 % de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire nos vêtements (7000 à 10 000 litres d'eau pour un jean) alors que plus 2,2 milliards de personnes en sont privées*. Le processus de fabrication des produits implique aussi l’utilisation d’autres ressources naturelles comme le pétrole pour créer les matières plastiques et les fibres textiles synthétiques (viscose, polyester, elasthanne, etc).
Crédits : fenyxclothes.com
En second lieu, parlons transport : Avant d’arriver en boutique ou chez nous, les produits ont fait de la route par bateau, par camions, parfois par avion… Sache que la majorité des produits (téléphones, vêtements, mobilier, objets de déco, avocats…) ont fait des kilomètres sur d'énormes paquebots. D’après le rapport de l’ONG Transport & Environment, le transport maritime de marchandise représente 3.1% des émissions annuelles mondiale de gaz à effet de serre.
Crédit : Le jour du dépassement selon L'Info Durable
Par ailleurs, les pratiques de géants du e-commerce ont bien évidemment un impact considérable sur l’environnement :
→ Des produits sont souvent emballés de tonnes de plastique inutile qui ne se recycle pas.
→ Le phénomène des colis partiellement vides : qui n’a jamais reçu un colis énorme pour un produit 5 fois plus petit ? Près d'un quart du volume mobilisé dans le transport par conteneurs serait « sans objet ». Il s'agit d'un vide gigantesque qui pèse lourd sur le climat : 122 millions de tonnes de CO2 soit l'équivalent des émissions de de gaz à effet de serre d'un pays comme la Belgique (étude DS Smith et Forbes Insight). Cela revient donc à dire que 2 des 4,6 milliards des colis commandés par les européens sont remplis d'air.
→ Les livraisons ultra-rapides sont une vraie catastrophe et tendent à devenir la norme dans les modes de livraison (on dit merci à Amazon d’avoir fait que la livraison en 24h devienne un besoin vital). En ne choisissant PAS le mode de livraison EXPRESS, on permet de grouper les envois et donc un trajet optimisé en réduisant un peu le nombre de kilomètres.
→ Certains consommateurs commandent aussi des produits - notamment les vêtements - en plusieurs fois dans différentes tailles. Cela implique alors des retours, qui eux aussi font de la route. Entre 20 et 30% des articles commandés en ligne sont retournés, contre moins de 10% dans le commerce physique.
Les marques engagées quant à elles, revoient ces pratiques pour atténuer l’impact des livraisons : emballages optimisés, parfois réutilisables (comme le proposent des solutions comme Hipli ou Opopop), des choix de livraison en point relai pour éviter l'impact du dernier km*, des produits bien taillés et de qualité afin d’éviter les retours.
*Le dernier kilomètre correspond à la courte distance géographique lors de la livraison de produits à des clients situés dans des zones denses. En effet, dans ces zones (zones urbaines, grandes villes), la livraison est plus difficile où le trafic ralentit la tournée, ce qui induit un coût supplémentaire aussi sur le plan financier. Ces petits morceaux de livraison dans un trafic perturbé impliquent aussi des émissions de CO2 importantes, qui pourraient être largement limitées si la livraison en point relais était privilégiée. En gros, un camion qui se rend en point relais pour déposer dix colis pollue moins qu'en opérant dix livraisons à domicile. Logique non ?
Pour l'éthique
Consommer responsable c’est aussi se préoccuper des impacts sociaux. Les marques vendant des produits à (très) bas prix font forcément de grosses “économies” quelque part (si on peut appeler ça comme ça) sans impacter leur marges bien évidemment. Des conditions de travail désastreuses, le non respect du code du travail, des rémunération ne permettant pas de subvenir aux besoins vitaux, le travail forcé, le travail des enfants, les violences, etc. Oui, ces pratiques sont toujours d’actualité dans les coulisses des marques préférées des européens.Prenons l’exemple du site qui explose en ce moment : SHEIN. Des centaines de références sur le site à des prix hallucinants. Demandons-nous combien est payée la main d'œuvre sur une robe vendue environ 9,40€ ? La couturière sera probablement payée au maximum 3 yuans soit 41 centimes d’euros. Les travailleurs n’ont pas de salaire de base, ils sont payés à l’article, travaillent plus 75 heures de travail par semaine, avec un ou deux jours libres par mois.

Crédits : mars-elle.com
On ajoute à cela l’affaire des Ouïghours, un peuple turcophone à majorité musulmane habitant au nord-ouest de la Chine, dans la région autonome du Xinjiang, sous la souveraineté de Pékin. Ces dernières années, le gouvernement chinois a pris de fortes mesures répressives contre les minorités ethniques de cette région. On parle de surveillance générale, de détentions massives et d’assimilation forcée. Concrètement, on les envoie dans des camps de «rééducation» dans lesquels ils sont endoctrinés par la propagande du Parti communiste chinois pour abandonner leur culture. Ces “camps” sont en réalité des lieux de torture (violences, stérilisations forcées, viols) et de travail forcé. Les Ouïghours sont donc de la main d'œuvre gratuite et les marques en profitent via leurs sous-traitants (plus facile pour fermer les yeux et dire qu’ils ne savaient pas). Ces marques, on les connait très bien. Parmi les 83 sociétés on peut citer Abercrombie & Fitch, Adidas, Amazon, Apple, Calvin Klein, H&M, Huawei, Mercedes-Benz, Nike, Sony, Uniqlo, Victoria’s Secret, Volkswagen, Xiaomi, Zara…
Crédits : Youth for Climate Paris
Pour la qualité
La motivation pour consommer responsable peut aussi être d’avoir des produits de meilleure qualité, avec une meilleure composition. Pour les vêtements, cela paraît évident que la qualité d’un t-shirt de fast-fashion comparé à un t-shirt d’une marque éco-responsable ne sera pas équivalente. Lorsque le prix est si bas, les économies sont aussi faites sur la qualité et la durabilité des matériaux. À l’inverse, les marques engagées sont à la recherche du produit le plus durable possible.
Cela peut aussi s'appliquer à la cosmétique. Dans ce cas, on applique des produits directement sur notre peau, d’où l’importance de regarder la composition de plus près. Dans les produits “conventionnels”, on retrouve beaucoup de substances chimiques pouvant être allergisant ou encore perturbateurs endocriniens.
Mais attention, le prix n’est pas gage de sûreté dans tous les cas. On en parle car les marques engagées proposent des prix justes, auxquels nous avons été déshabitués. Mais certaines marques indiquent des prix élevés sans que cela soit gage de qualité, de durabilité ou encore d’éthique. Alors comment reconnaître les marques vraiment responsables ?
2. Comment savoir si une marque est - vraiment - responsable ?
Les "red flags" anti-green-washing
La check-list pour éviter de tomber dans le piège du greenwashing :
🚩 Plus de 15 collections par an
On retrouve cela dans les enseignes de fast-fashion et sites d’ultra fast-fashion, le niveau et le volume de consommation sont tellement élevés que les marques renouvellent leur catalogue tous les mois. Ce qui implique alors toujours plus de fabrication, donc de ressources utilisées et d’heures de travail.
🚩 Des prix très bas
On le répète : une marque engagée étudie son prix de près afin de se procurer des matières premières de qualité, de rémunérer ses fabricants à un salaire normal et de se faire une marge raisonnable. On connaît le coût d’une rémunération juste et celui de matières premières écologiques de qualité. Un pantalon à 20 euros ne permet pas cela. “L’économie” est donc forcément faite quelque part.
🚩 Pas de transparence
Les marques éthiques et responsables sont transparentes et fières de l’être. Que ce soit via une page dédiée sur son site et une communication sur les réseaux sociaux ou encore directement sur l’étiquette, la transparence est un pilier pour une marque engagée. Afficher simplement "eco-friendly" n’est en aucun cas une preuve d’éco-responsabilité et de transparence.
🚩 Un marketing “vert” mais pas de vrais engagements
C’est facile de transformer son logo en vert, d’ajouter “fait avec amour”, insérer quelques feuilles vertes et des petits arbres sur instagram mais… ça ne veut rien dire. Malheureusement, beaucoup de marques jouent sur cela, le consommateur voit du vert alors il va croire que ce produit est éco-responsable. Et bien pas forcément.
La marque de sucre Daddy le fait très bien : un petit drapeau bleu banc rouge, du vert partout, le mot “végétal”. Or Daddy fait partie du lobby du sucre qui a fait ré-autoriser les néonicotinoïdes, un insecticide tueurs d’abeilles, interdit en premier lieu pour sa toxicité.
Le cas de H&M conscious :
Pour surfer sur la tendance du green ou vrai engagement, H&M fait quelques pas, on doit le reconnaître. MAIS on peut aussi un peu douter en relevant quelques “red flags” :
- Des pièces H&M Conscious seraient fabriquées avec du coton bio ou du polyester recyclé mais… aucun label affiché. Pourquoi ?
- La ligne d'H&M conscious propose plus de 1100 articles et sort plusieurs collections par an. Une grosse cadence de production et un fort risque d'invendus et de déchets textiles.
- Comment de si gros volumes de production peuvent suivre avec des prix toujours aussi bas ? Sur un pantalon à 20 euros, il est impossible de bien rémunérer la main d'œuvre + de vraies matières biologiques ou recyclées + se faire de la marge. Ou bien H&M vend cette ligne Conscious à perte en faisant ses bénéfices sur la ligne fast-fashion ?
- On peut remettre en cause l’éthique d’H&M en sachant que l’entreprise est impliquée dans l’exploitation du peuple Ouïghours.
Crédits : En Vert et Contre Tout
Les applications & sites
Voici une sélection de sites et d’applications en qui avoir confiance pour mieux consommer :
📱 Les application de scanning :
-
Yuka : scanne les produits alimentaires et cosmétiques pour obtenir des infos détaillées sur l’impact d'un produit sur la santé.
-
Clear Fashion : choisir et privilégier les marques et vêtements éco-responsables.
- INCI Beauty : pour analyser la composition des cosmétiques.
💻 Quelques sites et marketplace de référencements de marques engagées :
- The Trust Society : le e-shop de la transition écologique et sociale, des boss sur les produits de salle de bain !
- Dreamact : la market place du consommer responsable
- WeDressFair : le meilleur de la mode éthique
- Reset : l’e-shop et média mode éco-responsable
- The Beauty Nerds : le 1er e-learning store beauté
- MyVitrine : la sélection des meilleures marques à impact, chaque semaine
Les labels
Quelques labels à (re)connaître et ce qu’ils garantissent :
→ OEKO-TEX (ou OEKO-TEX Standard 100) : Ce label certifie au consommateur que le produit n’est pas nocif pour la santé ou la peau, donc qu’il ne contient aucune substance nocive ou en quantités infimes qui ne représentent aucun danger. Attention, contrairement aux idées reçues, un produit certifié Oeko-Tex n'est pas forcément écologique ou bio. Plusieurs marquent jouent sur cela en l’indiquant comme un label écologique alors qu’il s’agit d’une certification pour la santé.
→ GOTS (Global Organic Textile Standards) : GOTS est une norme mondiale pour les fibres textiles issues de filières biologiques, qui inclut des critères écologiques et sociaux. C’est à l’heure actuelle le label le plus exigeant car il s'appuie sur la certification indépendante de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement : la transformation, la fabrication, l’emballage, l’étiquetage, le commerce et la distribution de tous les textiles produits à partir de fibres naturelles organiques certifiées.
→ Bluesign : Certification internationale attribuée aux fabricants de textiles dont le processus de production est considéré sans danger pour les humains et l’environnement. Des critères environnementaux précis (la gestion raisonnée des eaux ou encore la toxicité des teintures) et sociaux.
→ Organic Content Standard : Dans un premier temps, ce label a été créé pour attester du caractère biologique d’une culture de coton. Il a ensuite été étendu à d’autres textiles pour assurer la traçabilité de la production de la matière première jusqu’au produit fini. Il peut être attribué à tout type de produit non alimentaire.
→ Global Recycle Standard : Cette norme évalue le contenu recyclé et restreint la composition chimique d’un produit fini, en contrôlant également les pratiques sociales et environnementales de la chaîne de production qui le transforme. Les produits étiquetés GRS contiennent au minimum 50% de matière recyclée.
→ Ecocert : Ce label concerne les matières premières textiles, les produits ménagers, les cosmétiques et certains produits alimentaires. Il garantit que les produits, vendus dans des grandes surfaces et dans des magasins bio, sont à la fois issus de l'agriculture biologique et du commerce équitable traditionnel.
→ Origine France Garantie : Cette certification assure aux consommateurs la traçabilité d'un produit en donnant une indication de provenance claire et objective. Elle se différencie du "Made in France" peu contrôlé en étant l’unique certification qui atteste l’origine française d’un produit.
→ Slow Cosmetique : La Slow Cosmétique n’est pas un label mais une mention. L’association remet chaque année la mention Slow Cosmétique à des marques inscrites dans une démarche globale engagée pour une beauté raisonnable. Elle ne s’intéresse pas qu’à la formule, le marketing doit aussi être sain et raisonnable.
→ Cruelty Free : cette certification garantit l’absence de tests sur animaux à tous les stades de fabrication (matières premières et produits finis) et s’étend à la totalité des produits de la marque. La certification Cruelty Free & Vegan : cette certification garantit en plus que ses produits ne contiennent aucun ingrédient d’origine animale (pas même de miel ou de cire d’abeille).
→ Cosmébio : Indique que le produit répond aux critères de la 1ère charte Cosmébio, soit 95% minimum d’ingrédients naturels en tout (les eaux et minéraux étant considérés comme tels) ; 95% minimum d’ingrédients bio parmi les végétaux ; 10% minimum d’ingrédients bio en tout (eaux et minéraux étant cette fois-ci exclus).
Consommer responsable, c’est avant tout un mode de vie.
Consommer responsable, c’est donc consommer en prenant en compte les impacts. On peut donc le faire pour l’environnement, pour l’éthique, pour la qualité du produit, pour la santé… A chacun sa motivation et ses préoccupations. Mais bien souvent, tout cela est intrinsèquement lié.
Et est-ce que cela sert à quelque chose au final ? Oui bien sûr ! Car sans en avoir conscience, nos achats sont de vrais bulletins de vote. Continuer d’acheter auprès d’une entreprise c’est en quelque sorte lui dire “Je veux que tu continues à me proposer ce produit”. Se tourner vers des alternatives éco-responsables, c’est une manière de dire aux entreprises traditionnelles “Non, je ne cautionne pas ton produit, je veux du changement”. Bien sûr, certaines personnes n’ont pas le choix, financièrement parlant. Mais lorsque nous l’avons, pourquoi ne pas agir et exiger mieux ?
Consommer responsable, ce n’est pas seulement acheter auprès de marques eco-friendly. C’est un vrai mode de vie, une manière de penser et d’agir au quotidien. Avant d’acheter un produit, c’est se poser les bonnes questions. La méthode BISOU (imaginée par Marie Lefèvre et Herveline Verbeken) est un très mnémotechnique pour se rappeler des questions à se poser :
B comme Besoin
À quel besoin cet achat répond-il ? La réponse peut amener à réfléchir à l’achat. Surtout si on achète pour se conformer à une norme sociale ou sous l’influence d’une solide stratégie marketing. On parle ici d’un besoin presque psychologique. Est-ce que c’est une question de réconfort, d’estime de soi, de reconnaissance, d’appartenance à un groupe ?
I comme Immédiat
Dois-je l’acheter immédiatement ? Est-ce la promo qui crée ce sentiment d’urgence ? Puis-je attendre quelques jours avant de me décider ? Cette question peut nous raisonner, car beaucoup d’achats sont compulsifs… et inutiles.
S comme Semblable
N’ai-je pas déjà quelque chose de semblable répondant au même besoin ? Un doublon quoi !
O comme origine
Quelle est l’origine de ce produit ? Il s’agit là de se demander si le vêtement a été créé dans des conditions qui vous conviennent, pour les humains et l’environnement. On en revient au début de notre guide ;)
U comme Utile
Cet objet me sera-t-il vraiment utile ? L’interrogation peut faire cogiter sur les notions de besoin, de désir, d’utile et de superflu. Marie Lefèvre et Herveline Verbeken demandent même “comment faisait-on pour s’en passer auparavant ?”
“La loi du RE” publiée sur le compte instagram Nouvelle Empreinte reprend le principe des 3R en l'étendant un peu plus loin : REcycler, RÉutiliser, RÉduire mais on peut aussi ajouter REdonner, REfuser, RÉparer, REpenser.
Consommer responsable, c’est aussi assimiler le principe du “moins mais mieux”. Il résume tout ce que l’on a pu énumérer dans cet article : Privilégier la qualité et l’impact positif plutôt que l'abondance et le gâchis. Exercer le travail qui vous plaît, plutôt que de gagner beaucoup d'argent. Bref, revenir à l'essentiel.
Si l’article vous a aidé, n’hésitez pas à nous le faire savoir (on hésite à contacter l’édition “Pour les Nuls” et leur proposer un partenariat !)
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